Astor Piazzolla & Alberto Ginastera : des enfants déterminés

« Je suis né à Mar del Plata et j’ai grandi à New York. J’ai trouvé mon chemin à Paris, mais chaque fois que je monte sur scène, le public sait que je vais jouer la musique de Buenos Aires. »
Astor Piazzolla

Dès la petite enfance, Astor Piazzolla et Alberto Ginastera ont reçu de la part de leurs parents une confiance et une motivation qui les accompagneront tout au long de leur vie musicale. Les deux artistes n’ont que 6 ans de différence.

Astor Piazzolla reçoit à l’âge de 9 ans un cadeau de son père : un bandonéon. À cette époque, la famille vient de déménager aux États-Unis, plus précisément à Brooklyn, dans un quartier appelé « La petite Italie », peuplé d’immigrants juifs, italiens qui constituent la base de la société new-yorkaise. Le bandonéon, puis les cours de musique et l’écoute de tangos que son père affectionnait lui ont permis de ne pas sombrer dans la délinquance. Assez jeune, Astor, toujours dans la rue et avec de mauvaises fréquentations, a eu affaire avec la police, mais grâce à son père, il a pu s’éloigner de ce milieu.

De son côté, Alberto Ginastera reçoit à l’âge de 5 ans une petite flûte comme cadeau de Noël. L’enfant se débrouille tout de suite très bien en sortant toutes les notes de l’hymne national argentin, sauf une. Il se fâche aussitôt en disant que la flûte est défectueuse. En réalité, c’était tout à fait normal, puisque sa flûte ne disposait que de 7 sons. Face à la détresse de son fils, sa mère décide alors de lui faire suivre des cours de musique et de piano auprès d’une professeure du quartier.

Ces deux jeunes personnes deviendront les créateurs d’une nouvelle esthétique musicale. Piazzolla, grâce à l’influence d’Arthur Rubinstein de passage à Buenos Aires, suivra des cours de composition pendant 10 ans avec Ginastera.

En 1930, la famille Piazzolla s’établit définitivement à Buenos Aires, Astor a alors 9 ans. Il continue ses études de bandonéon, qui l’aident à s’insérer dans cette nouvelle société. Cette transition est difficile pour lui, car il doit apprendre un nouveau langage écrit. La musique, ce langage universel, qui ne connaît pas de frontières, le sauve à nouveau. Grâce à son expérience musicale à 13 ans avec Carlos Gardel à New York, il prend goût au tango, joue dans plusieurs ensembles et plus tard, le grand Anibal Troilo, bandonéoniste et compositeur, lui confiera des arrangements pour son orchestre de tango. Astor écoute les grands du jazz pendant son séjour à New York dans les  années 50, entre autres Charlie Parker, prenant ainsi des éléments de composition.

Au même moment, la famille Ginastera mène une vie de classe moyenne bourgeoise. Alberto fait des études académiques et musicales au conservatoire Alberto Williams. Il obtient un diplôme de comptabilité, qui l’aidera plus tard à préparer lui-même un projet de financement d’un demi-million de dollars auprès de la Fondation Rockefeller à New York. Il obtient grâce à cela une aide précieuse pour la création du premier laboratoire de musique électronique d’Amérique du Sud, une bibliothèque splendide et la possibilité d’engager des professeurs de l’étranger pendant 10 ans. Par-delà sa création artistique, il sera le fondateur de plusieurs établissements d’enseignement musical. Avec la création de l’Université catholique de Buenos Aires, il donnera la possibilité aux étudiants d’obtenir un diplôme universitaire, qui placera la musique au même niveau que d’autres cursus comme la médecine ou l’architecture. Cette initiative sera suivie par la mise en place de bourses et autres aides de l’État demandées par Ginastera.

La collaboration de Piazzolla avec Troilo sera de courte durée. Son tempérament musical débordant et sa rencontre à Paris avec la compositrice Nadia Boulanger et avec Ginastera comme professeur lui donneront l’élan nécessaire pour aller au-devant de la création d’un nouveau langage musical. Les amateurs de rock découvriront la musique d’Astor issue du tango, et grâce à lui, un nouvel élan sera donné à ce genre abandonné. La musique d’Astor sera à ses débuts critiquée, mais ensuite, elle représentera l’un des aspects de la culture argentine dans le monde.

DUO SUD jouera des œuvres de ces deux grands compositeurs lors de son prochain concert le 22 novembre au Barbizon.

CONCERTS A VENIR

2 commentaires sur « Astor Piazzolla & Alberto Ginastera : des enfants déterminés »

  1. Pure merveille : je viens d’assister au concert du 22 novembre et en sors bouleversée et comblée à la fois. Je connaissais tous les morceaux et les ai retrouvés à la fois fidèles aux originaux de ma connaissance mais enrichis de la complicité et du talent des interprètes. L’heure a été trop courte! Merci pour ce cadeau inattendu, que j’ai eu le plaisir de partager avec des amis pour qui le tango était une découverte. À renouveler de toute urgence por favor.

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    1. Cher Brassamin, c’est avec beaucoup de joie que je viens de vous lire. On est ravis de vous avoir ému et conquis. C’est notre plus grand souhait que de partager notre passion pour la musique. Bien cordialement. Duo SUD

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